Il faisait déjà sombre lorsque Ning, Chang et Kong partirent trouver Shen, leur vieux Maître, dans la montagne.
Ils avaient décidé d’aller le consulter, car ils se faisaient sans cesse entre eux des reproches qui ternissaient leur amitié.
Dans l’agitation du départ, ils partirent sans lanterne et gravirent péniblement le chemin escarpé
et dangereux qui menait chez le Maître.
Ils arrivèrent exténués, les mains et les genoux écorchés. Le vieux Shen les fit entrer.
– Que voulez-vous ?
– Nous sommes venus te trouver, dit Chang, car nous éprouvons les uns envers
les autres des sentiments négatifs qui nous empêchent de vivre en harmonie.
Nous avons besoin de tes lumières.
– Je vous écoute répondit Shen.
– Ning m’énerve, dit Chang. Je le trouve hésitant, passif et soumis.
– C’est possible, dit Shen, mais as-tu pensé que s’il est ainsi, il est peut-être
aussi réfléchi, réceptif et calme ?
– Chang m’agace, dit Kong. Je le trouve autoritaire, agressif et intolérant.
– Cela se peut, dit Shen, mais il est probablement aussi entreprenant, combatif et direct.
– Kong m’irrite, dit Ning. Je le trouve fourbe, manipulateur et hypocrite.
– Alors, dit Shan, il est vraisemblablement aussi habile, convaincant et diplomate.
– Pas d’ombre sans lumière, ni l’inverse, ajouta en souriant le vieux Maître.
Avant de repartir, prenez ma lanterne. C’est plus prudent avec cette obscurité.
Kong, Chang et Ning prirent le sentier du retour sans trébucher ni tomber.
Chemin faisant, ils s’amusaient du jeu des ombres et des lumières projetées par la lanterne de Shen.
Source: Charles Brulhart Janvier 2007
Très bon texte qui nous fait comprendre que chacun a ses qualités et ses défauts !