Enfermer son doigt dans une porte, se cogner le menton contre le sol, se tordre la cheville, recevoir une gifle, un coup de poing ou un coup de pied… tout cela fait mal. Les petites douleurs du quotidien, comme se cogner la tête contre le coin de la table ou se mordre la langue, ainsi que les douleurs plus intenses comme les coliques, les caries et les calculs rénaux, sont autant de moments d’inconfort physique.
Mais parmi toutes ces douleurs, celle qui fait le plus mal, c’est le manque. Il y a ce frère qui habite loin, le goût d’un fruit qui n’est plus disponible, ce père décédé, cet ami imaginaire qui n’a jamais existé, cette ville qui n’est plus là. Il y a aussi nous-mêmes, lorsque nous avions plus d’audace et moins de cheveux gris.
Toutes ces absences, tous ces manques, créent un vide douloureux en nous. C’est la nostalgie qui nous rappelle ce qui n’est plus, ce qui aurait pu être, ce qui aurait dû être. Ces souvenirs incomplets et ces rêves inachevés font ressurgir la douleur de l’absence et du regret.
Mais le désir le plus douloureux est celui de quelqu’un que l’on aime.
Le manque de sa peau, de son odeur et de ses baisers est profond. Manquer sa présence, même consentie. Pouvoir rester dans le salon pendant qu’il est dans la chambre, sans se voir, mais en sachant où l’autre se trouve. Pouvoir aller à l’aéroport pendant qu’elle est chez le dentiste, mais en connaissant les lieux.
Pouvoir passer toute la journée sans se voir, mais en sachant que demain sera différent. Cependant, lorsque l’amour de l’un prend fin, l’autre se retrouve avec un désir insatiable que personne ne sait comment apaiser.
Le manque, c’est l’incertitude.
Je ne sais pas s’il continue à attraper la grippe en hiver. Je ne sais pas si elle continue à éclaircir ses cheveux. Je ne sais pas s’il porte toujours la chemise que tu lui as offerte. Je ne sais pas si elle s’est rendue à son rendez-vous chez le dermatologue comme promis.
Ne pas savoir s’il a mangé du pain de la boulangerie, si elle a suivi des cours d’anglais, s’il a appris à utiliser Internet, si elle a appris à se garer entre deux voitures, s’il continue de fumer, si elle continue de préférer le soda, s’il continue de sourire, si elle continue de danser, s’il continue de pêcher, s’il continue de l’aimer.
Manquer, c’est être dans l’incertitude.
Ne sachant que faire des jours qui s’étirent, ne sachant pas comment trouver des occupations pour distraire vos pensées, ne sachant pas comment retenir vos larmes en écoutant de la musique, ne sachant pas comment apaiser la douleur d’un silence vide de sens.
La nostalgie, c’est une sorte de douleur causée par le souvenir de ce qui n’est plus, le regret de ce qui aurait pu être.
C’est un sentiment complexe qui peut surgir lorsque nous repensons à des moments passés, à des personnes qui ne sont plus dans notre vie, à des choix que nous aurions pu faire différemment. C’est souvent lié à un désir de retourner dans le passé, de retrouver ce qui a été perdu.
Dans ce contexte, ne pas vouloir savoir peut être une forme de protection. C’est refuser d’affronter la réalité, de se confronter aux changements qui ont eu lieu. Ne pas vouloir savoir si cette personne que nous aimions est avec quelqu’un d’autre, si elle est heureuse, si elle a changé physiquement, c’est parfois plus facile que de faire face à la vérité. C’est choisir de rester dans une sorte d’illusion, dans le confort de ce qui était, plutôt que d’affronter la dure réalité du présent.
Cependant, ce refus de savoir peut aussi être source de souffrance.
Car même si nous essayons de nous convaincre que nous ne voulons pas savoir, au fond de nous, il y a toujours ce désir latent de comprendre, de savoir ce qui se passe dans la vie de cette personne qui nous manque tant. Et ce désir, cette envie, fait toujours mal. C’est une douleur qui peut être constante, qui peut nous hanter, car elle représente un besoin non satisfait, un vide que nous ne pouvons combler.
Ainsi, la nostalgie et le refus de savoir sont souvent liés à une forme de douleur émotionnelle, à un désir inassouvi. C’est une lutte entre le besoin de se souvenir et le désir d’avancer, entre la volonté de rester dans le passé et l’aspiration à trouver la paix dans le présent. Et cette lutte intérieure peut être particulièrement difficile à surmonter.