J’aimerais tant pouvoir une fois m’abandonner complètement dans les bras de quelqu’un qui me soutient de sa force aimante : cela me permettrait de goûter une fois la détente complète de tout mon être… Mais je n’ai jamais trouvé ces bras-là…
Me dit-elle, les yeux emplis de la tristesse d’une vie en laquelle son aspiration n’a jamais pu se vivre.
Avec douceur, je lui dis qu’il est possible qu’elle se dépose dans les bras du Vivant, si aucun être ne peut lui offrir les siens.
Elle me demande alors « Mais où sont-ils ? »
Comme elle, d’autres interrogent :
« Où sont les bras du Vivant ? »
demande celle qui n’a jamais reçu le tendre soutien de la mère.
« Où sont les bras du Vivant ? »
demande celui qui n’a jamais reçu la force soutenante du père.
« Où sont les bras du Vivant ? »
demande celle qui n’a jamais reçu le regard aimant de son compagnon.
« Où sont les bras du Vivant ? »
demande celui qui n’a jamais reçu l’accueil bienveillant de sa compagne.
Moi-même, j’ai longtemps cru que je ne pouvais me laisser aller, m’abandonner.
Parce que je ne trouvais pas en face de moi, celui ou celle qui avait la force, l’amour, la capacité, de me tenir, de me soutenir, de me contenir, de m’offrir cet espace où je pourrais en toute sécurité,
me poser, me déposer, me reposer, enfin…
Puis, un jour, allongée sur le sol, dans un champ, regardant le ciel, j’ai vu passer toutes mes pensées, et j’ai choisi, juste là, de lâcher toute idée que je dois faire, je dois gérer, je dois porter, je dois tenir bon…
À l’instant même
de tout mon corps,
de tout mon cœur,
de tout mon être,
je me suis laissée aller,
je me suis abandonnée sur le sol…
De chaque fibre de mes muscles,
de chaque cellule de mon corps,
je me suis donnée le droit
de ne plus me soutenir moi-même,
de ne plus rien porter de moi…
Là, pour la première fois de ma vie, j’ai senti les bras du vivant qui m’entouraient.
Qui me portaient, me soutenaient, me câlinaient et j’ai entendu la voix du vivant qui murmurait à mon oreille :
« Tu ne peux sentir mon soutien
que lorsque tu cesses de te tenir.
Tu ne peux sentir que je te porte
que lorsque tu cesses de vouloir porter.
Tu ne peux sentir que je t’entoure
que lorsque tu cesses de me chercher ailleurs
qu’en la sensation globale de tout ton corps.
Je suis toujours là.
Tu es toujours dans mes bras.
Depuis toujours.
Pour toujours.
Pour un instant,
perçois-le… »
Puisse ce jour permettre à chacun-e de goûter, pour un instant, la détente de se déposer dans les bras du Vivant…
Isabelle Padovani
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