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Mais le hasard n’est jamais neutre pour les photographes ; ils sont trop attentifs, ont le regard trop vif et juste.

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Image crédit : Pixabay

Mais le hasard n’est jamais neutre pour les photographes ; ils sont trop attentifs, ont le regard trop vif et juste, ont bien trop la passion de voir pour ne pas être immédiatement mis en arrêt devant tel ou tel imperceptible tremblement du visible qui échapperait à tout autre.

Leurs notes visuelles sont des saisies du visible en train d’apparaître, il n’y a jamais d’évidence pour celui qui photographie, aucune forme n’est close, rigide et muette, à tout instant « quelque chose » peut arriver, fût-ce sur un pan de mur, un rebord de trottoir, un bout de tissu, dans un sillon de terre, sur un ongle ou un fruit ou un tesson de verre.

Et cela qui arrive, et qu’il faut savoir saisir à l ‘arraché sur l’instant, ne saurait être défini ni décrit avec exactitude ; c’est en vérité un presque rien d’une extrême ténuité – mais qui, sitôt révélé par la photographie, ne cesse plus d’étonner, ne lasse pas de remettre l’attention en éveil et la perception aux aguets.  » Adine Sagalyn – Voies de pères, voix de filles : Quinze femmes écrivains parlent de leurs pères

 » D’ailleurs ici, où était la justice ? Pas dans l’arène, que l’on appelait, par plaisanterie sans doute, le « terrain de la vérité » puisque tout y semblait loyal, et que presque tout y était déloyal.

[…]Le taureau revint, posa son mufle sur la barrera, avec un air de dire : « Je voudrais bien m’en aller ». On lui avait brisé les reins, donné des coups de pieds et de cape sur les jarrets, on l’avait vrillé de la pique, lardé de coups d’épée sournois entre les flancs. La victime, brimée, suppliciée, perdant son sang à flots, outragée au point qu’un garnement de matador la frappât de la main sur le mufle, et le tout sur un fond d’hypocrisie qui voulait qu’elle fut coupable, alors qu’elle ne l’était pas.[…]

Il y a en eux, les matadors, quelque chose qui dégrade la dignité humaine. Comment n’ont-ils pas honte de s’exhiber ainsi ? Pour la première fois, il comprit que ce n’était pas le taureau qui haïssait l’homme, que c’était l’homme qui haïssait le taureau. Et il eut pitié du taureau. »

Henry de Montherlant, « Le chaos et la nuit», 1963

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Publié par Teddy Tanier

Passionné par la poésie et la littérature depuis tout petit j'ai toujours aimé écrire seul dans la nuit quand la journée s'éteint. Car cette atmosphère me transporte et me fait voyager, elle m'inspire et me rassure. On peut encore rêver. J'aime l'art et particulièrement les livres c'est pour cela qu'Inspirant me permet de présenter des auteurs connus et moins connus pour faire partager ma passion et rendre hommage aux grands écrivains ou philosophes.

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