Il y a quelques années avant ma naissance, mon père rencontra une étrangère qui avait récemment débarqué dans notre village. Dès le début, cette personne exerça une sorte de fascination sur mon père, à tel point que nous finîmes par l’inviter à séjourner chez nous. Elle accepta l’invitation et depuis lors, elle fit partie intégrante de notre famille.
Pendant mon enfance, je n’ai jamais questionné son origine ; tout me paraissait naturel.
Mes parents étaient des enseignants : ma mère m’inculquait les notions de bien et de mal, tandis que mon père me prodiguait des leçons d’obéissance.
Cependant, l’étrangère était une conteuse talentueuse, une séductrice de paroles. Elle captivait notre attention pendant des heures avec ses récits mystérieux et amusants. Elle semblait avoir réponse à tout, que ce soit en politique, en histoire ou en sciences.
Elle maîtrisait le passé et le présent, et aurait presque pu prophétiser l’avenir. Grâce à elle, ma famille assista même à un match de football pour la première fois.
Cette étrangère éveillait en moi rires et larmes. Son flot ininterrompu de paroles ne dérangeait pas ma mère. Parfois, ma mère se levait soudainement, probablement cherchant un moment de tranquillité à la cuisine (je me demande aujourd’hui si elle n’espérait pas ardemment que l’étrangère s’en aille).
Mon père était guidé par ses principes moraux, mais l’étrangère semblait n’en avoir cure. Les blasphèmes et les mots vulgaires étaient strictement prohibés chez nous, autant chez les voisins que chez les amis.
L’étrangère, en revanche, ne se gênait pas pour les utiliser, ce qui choquait mon père et faisait rougir ma mère.
Malgré les critiques que nous formulions à son encontre, elle semblait insensible à la valeur que mes parents attribuaient à leur enseignement, et malgré tout, elle demeurait présente.
Des décennies ont passé depuis notre départ du foyer familial. Bien des choses ont changé depuis : cette fascination n’est plus. Pourtant, si vous pouviez pénétrer chez mes parents, vous la trouveriez toujours là, dans un coin, attendant qu’une âme bienveillante se donne la peine d’écouter ses bavardages ou de lui accorder du temps libre…
Vous désirez connaître son nom ?
Chez nous, nous la nommons… Télévision !
Il serait bénéfique que cette histoire captivante soit partagée avec un large public.
Attention :
Maintenant, elle a un époux qui s’appelle Ordinateur…
… un fils qui s’appelle Portable…
… une fille qui s’appelle Tablette…
… et un neveu pire que tous : Lui c’est Smartphone …
et ils se lient tous ensemble pour nous éloigner les uns des autres ! »
Auteur inconnu