Laurence Baïdemir
La réalité d’être la fille qui va toujours bien n’est pas aussi agréable qu’on pourrait le penser.
En réalité, c’est comme avoir les joues constamment rouges. C’est comme avoir des ongles rongés et une boule dans la gorge qui rend la déglutition difficile. C’est comme devoir se rendre aux toilettes plusieurs fois pour se ressaisir, passer ses poignets sous l’eau froide pour apaiser l’anxiété, et faire face à la solitude ressentie même dans une pièce bondée.
C’est comme une énigme perpétuelle, comme si vous étiez contraint de jouer un rôle que vous n’aviez jamais désiré endosser. C’est mémoriser des répliques et savoir quand sourire à chaque regard qui se pose sur vous. C’est comme être devenu expert dans ce jeu.
C’est aussi ne jamais pouvoir demander de l’aide, parce que vous êtes souvent celui ou celle qui résout les problèmes pour les autres. C’est se retrouver sans personne à qui se confier, sans soutien, car ceux qui vous entourent supposent que tout va bien et que vous êtes capable de gérer toutes les épreuves de la vie.
C’est comme un mal de tête intense, celui qui semble atteindre vos os. C’est un mal de tête qui ne peut venir que du sentiment d’être incompris, le genre de douleur que personne ne semble vraiment remarquer.
Et ça fait mal.
Ça fait vraiment mal parce que personne ne se rend compte à quel point vous vous sentez perdu. Personne ne voit à quel point vous restez calme en apparence. Personne n’entend le battement de votre cœur. Le pire, c’est que personne ne semble réellement s’en soucier.
Personne ne prend le temps de demander comment vous allez vraiment, personne ne fait réellement l’effort de vous soutenir, parce que vous êtes celle qui « va toujours bien ». Celle qui rit, celle qui sourit.
Pour eux, vous serez toujours la fille qui va « bien ». Et pour eux, vous le serez toujours.
Être la personne qui « va toujours bien » peut sembler positif en surface.
Mais ça peut aussi être épuisant. Cette façade de stabilité peut créer des attentes irréalistes et faire en sorte que les autres n’imaginent pas que tu puisses avoir des difficultés. Cela peut aussi rendre difficile la recherche de soutien lorsque tu en as besoin, car les gens peuvent supposer que tout va toujours bien pour toi.
Parfois, il peut y avoir une pression intérieure à maintenir cette image, même lorsque tu traverses des moments difficiles. Cela peut mener à une forme de solitude, où tu te sens isolée parce que personne ne semble vraiment comprendre ce que tu traverses.
Tout le monde a des hauts et des bas, et il est normal de partager ses défis avec les autres. C’est souvent en montrant ses vulnérabilités que l’on crée des connexions plus profondes et authentiques.
