Mathieu Ricard, né en 1946, est un moine bouddhiste français qui est devenu l’une des figures les plus reconnaissables et respectées du monde de la méditation et du bouddhisme en Occident. Avant de devenir moine, il a obtenu un doctorat en génétique moléculaire, puis a choisi de se retirer de la vie mondaine pour poursuivre une quête spirituelle en Himalaya.
Il est particulièrement connu pour son expertise dans la méditation et sa promotion d’une vie équilibrée et épanouie. Ricard est l’auteur de plusieurs livres à succès, dont « L’Art de la méditation » et « Plaidoyer pour l’altruisme », qui ont été traduits dans de nombreuses langues.
Son approche de la méditation met l’accent sur la pleine conscience, la compassion et la culturation d’une vie consciente et éthique. Il a également été impliqué dans des recherches scientifiques sur les effets de la méditation sur le cerveau et le bien-être mental, travaillant en collaboration avec des chercheurs renommés.
En plus de ses activités d’écriture et de recherche, Mathieu Ricard est également un conférencier recherché et un humanitaire engagé. Il consacre une grande partie de son temps à des projets humanitaires à travers son association humanitaire, Karuna-Shechen, qui vise à améliorer les conditions de vie des populations défavorisées en Asie, en particulier au Népal et au Tibet.
APAISER LA DOULEUR PHYSIQUE.
La douleur physique est une expérience à laquelle nous devons tous faire face dans notre vie. Or, la réaction subjective qu’elle suscite varie de façon importante d’un individu à un autre.
La sensation douloureuse peut, par exemple, être considérablement amplifiée par le désir anxieux de la supporter.
La plus bénigne des douleurs devient alors insupportable. En revanche, les maux chroniques sont mieux supportés lorsqu’on modifie son attitude devant la douleur et qu’on lui donne un sens.
Les recherches en neurosciences ont montré la part importante que joue l’interprétation des sensations dans l’expérience de la douleur. Certaines ont porté sur des volontaires qui recevaient régulièrement des stimulus sur le bras, parfois assez douloureux, et parfois moins. Au bout de quelques jours, ils ont annoncé aux volontaires qu’ils allaient recevoir un stimulus de forte intensité, alors qu’ils n’envoyaient, en fait, qu’une stimulation de faible intensité, et vice-versa.
Or, il s’est avéré que l’annonce d’un stimulus de faible intensité a fait ressentir comme douloureux un stimulus de faible intensité et, inversement, que l’annonce d’un stimulus de faible intensité a fait que les sujets ne percevaient pas comme douloureuse une stimulation qui d’habitude provoque une douleur intense. L’appréciation de la douleur dépend donc en grande partie du fonctionnement de l’esprit.
Si une douleur échappe complètement à notre contrôle et que nous pensons qu’elle durera indéfiniment, notre esprit risque fort d’être alors submergé par la souffrance. Par ailleurs, donner un sens à la douleur permet de mieux la supporter. C’est le cas si nous pensions qu’elle nous apportera un plus grand bien.
Comment dès lors, prendre en main la douleur au lieu d’en être la victime? Si l’on ne peut lui échapper, mieux vaut l’utiliser que la repousser. A cette fin, le Bouddhisme enseigne différentes méthodes. Nous en expliquerons quatre:
- La première consiste à observer simplement la douleur sans l’interpréter, dans un état de pleine conscience.
- La seconde fait appel à l’imagerie mentale.
- La troisième permet de transformer la douleur en s’éveillant à l’amour et à la compassion.
- La quatrième, consiste à examiner la nature de la souffrance et, par extension, celle de l’esprit qui souffre.
1) La pleine conscience
– Comme il est expliqué dans le texte suivant, observons avec l’esprit tout entier la sensation de douleur, sans l’interpréter, la rejeter ni la craindre. Plongeons-nous dans l’expérience du moment présent. La sensation conserve alors son intensité, mais perd son caractère répulsif. –
» La plupart d’entre nous considèrent la douleur comme une menace pour notre bien-être physique. Or, si nous la laissons nous préoccuper, elle ne fait que s’intensifier. En revanche, si nous la prenons comme objet de méditation, elle devient un moyen d’accroître la clarté de notre esprit.
YONGEY MINGYOUR RINPOCHE.
Comment procéder pour faire de la douleur un objet de méditation?
– » Une conscience pure et non obstruée de cet événement la ressentira comme un flux d’énergie, sans plus. Aucune pensée. Aucun rejet. Simplement l’énergie […] Mais le mental conceptualise des expériences telles que la douleur. Vous vous retrouvez en train d’y penser en tant que « douleur ». C’est un concept. C’est une étiquette, quelque chose d’ajouté à la sensation elle-même. Et vous construisez une image mentale de la douleur, en la voyant comme une entité[…] Très vraisemblablement, vous vous retrouverez en train de penser :
» J’ai une douleur à la jambe. » JE est un concept. C’est quelque chose d’extérieur ajouté à l’expérience pure.
Lorsque vous introduisez » Je » dans le processus, vous établissez une discontinuité conceptuelle entre la réalité et la conscience sans ego qui la voit. Des pensées telles que « moi », « mon », » à moi » n’ont aucune place dans la conscience directe. Ce sont des ajouts étrangers, de caractère trompeur. Lorsque vous faites intervenir « moi » dans le jeu, vous vous identifiez à la douleur. L’effet est de la renforcer. Si vous laissez le « je » en dehors de l’opération, la douleur n’est pas « douloureuse ». C’est simplement un flux d’énergie. »
BHANTE HENEPOLA GUNARATNA.
2) Le pouvoir de l’imagerie mentale
– Visualisons un nectar bienfaisant, lumineux, qui imprègne l’endroit où la douleur est la plus pénible, la dissout peu à peu et finit par la transformer en une sensation de bien être. Puis ce nectar emplit le corps tout entier et la sensation douloureuse s’estompe. Si la douleur augmente en intensité, renforçons d’autant la puissance du nectar, en pensant que chaque atome de douleur est maintenant remplacé par un atome de bien-être. Transmuons ainsi l’essence même de la douleur en félicité.
3) La puissance de la compassion
Cultivons un profond sentiment d’amour altruiste et de compassion envers tous les êtres, puis méditons ainsi :
« Je désire ardemment être libéré de la souffrance ! Mais il y a d’autres êtres qui endurent des douleurs similaires, voire plus grandes que les miennes. Comme je souhaite qu’ils puissent également être délivrés de leurs tourments ! »
Ainsi, notre propre douleur n’est plus perçue comme une détérioration personnelle ou un fardeau insupportable. Imprégnés d’altruisme, nous abandonnons l’amertume du « Pourquoi moi ? »
Lorsque nous sommes complètement absorbés par nous-mêmes, nous devenons vulnérables et susceptibles d’être submergés par le désespoir, la frustration, le sentiment d’impuissance ou l’angoisse. Cependant, si nous cultivons une profonde empathie et une bienveillance inconditionnelle envers la souffrance d’autrui, la résignation se transforme en courage, la dépression en amour, et la petitesse d’esprit en une ouverture envers tous ceux qui nous entourent.
4) Contempler la nature même de l’esprit :
Prenons simplement un moment pour contempler la douleur. Même si elle est présente de manière lancinante, observons sa couleur, sa forme, ou toute autre caractéristique immuable. Nous réaliserons que ses contours s’estompent alors que nous essayons de la cerner. En fin de compte, nous reconnaissons qu’au-delà de la douleur se trouve une présence consciente, celle-là même qui est à la source de toute sensation et de toute pensée.
Relâchons notre esprit et laissons la douleur reposer dans la pleine conscience, libérée de toute élaboration mentale. Cette approche nous permet de ne plus être simplement des victimes passives, mais progressivement de faire face à la dévastation qu’elle provoque dans notre esprit.
Ce n’est pas une tâche facile, mais l’expérience montre que c’est réalisable. Nous avons rencontré de nombreux méditants ayant utilisé cette méthode lors de maladies terminales particulièrement douloureuses. Ils semblaient sereins et peu affectés par la douleur. Francisco Varela, un éminent chercheur en sciences cognitives, qui avait pratiqué la méditation bouddhiste pendant des années, m’a confié quelques semaines avant sa mort d’un cancer généralisé qu’il parvenait à maintenir presque constamment la présence éveillée de la pleine conscience.
À ses yeux, la douleur physique semblait alors lointaine, et cela ne l’empêchait pas de conserver sa paix intérieure. De plus, il n’avait besoin que de très faibles doses d’analgésiques. Il a su préserver cette lucidité et cette sérénité contemplative jusqu’à son dernier souffle.
L’art de la médiation c’est quoi ?
L’art de la médiation » peut être interprété de différentes manières, mais généralement, il se réfère à l’ensemble des pratiques, des techniques et des philosophies associées à la méditation. Voici quelques aspects clés de ce concept :
-L’art de la méditation implique la pratique régulière de techniques de méditation pour calmer l’esprit, cultiver la pleine conscience et promouvoir le bien-être mental et émotionnel.
– Il s’agit également du processus de développement personnel et spirituel que la méditation peut favoriser. Cela inclut la recherche de la paix intérieure, de la clarté mentale, de la compassion et de la sagesse.
-La méditation peut être considérée comme un art car elle implique souvent l’exploration et la compréhension profonde de l’expérience humaine, y compris les émotions, les pensées et les sensations.
-Pour certains, l’art de la méditation peut également impliquer l’utilisation de la méditation comme moyen d’inspiration créative et d’expression artistique, que ce soit à travers l’écriture, la peinture, la musique ou d’autres formes d’art.
– Comme tout art, la méditation nécessite pratique, engagement et maîtrise. L’art de la méditation réside dans la capacité à cultiver des états d’esprit et des qualités intérieures précieuses grâce à une pratique régulière et diligente.
L’art de la méditation englobe à la fois la pratique elle-même, le développement personnel qu’elle promeut, l’exploration de l’expérience humaine, la créativité et l’expression, ainsi que la maîtrise et la finesse nécessaires pour progresser dans cette pratique.