Teddy Tanier
Il existe une multitude de mots que nous gardons sous silence.
Certains sont tus depuis si longtemps, car ils raviveraient nos blessures, porteurs d’une colère si lourde qui réclame une justice qui ne sera jamais rendue.
D’autres mots ne sont pas prononcés, car ils feraient déborder nos yeux de larmes, car ils nous effraient trop, car ils nous causeraient trop de douleur, car il est soit trop tôt ou bien trop tard pour les exprimer.
Il y a aussi les mots que nous taisons, car nous avons appris à nous taire, car ils créeraient le chaos, car de toute façon, les autres ne les comprendraient pas.
Il y a les mots que nous ne disons pas, car nous n’y pensons pas, car nous n’avons rien à nous dire, car nous préférons les oublier, car nous ne les ressentons plus et que nous sommes épuisés.
Et puis, il y a les mots que nous gardons enfouis, car nous ne savons pas comment les formuler, car nous ne les avons jamais appris, car ils sont contradictoires et cela ne nous est pas permis.
Il y a les mots que nous taisons, car nous n’osons pas nous approcher de l’autre, car nous ne voulons pas lui ôter son masque, car nous nous savons si fragiles et préférons nous protéger.
Il y a les mots que nous taisons, car ils bouleverseraient l’ordre établi, car ils obligeraient les autres à les entendre, car ils feraient tant de bruit, qu’ils ouvriraient les vannes et nous craignons d’être submergés.
Pourtant, il y a aussi ces mots que nous ne disons pas, mais qui pourraient déplacer des montagnes, ouvrir portes et fenêtres, construire des ponts et des routes, faire chanter la lumière et faire revenir la vie.
Nous avons tendance à garder tant de mots en silence, et il est légitime de se demander comment nous en sommes arrivés là, à nous taire.
Nous vivons dans un monde où la communication est omniprésente, où nous sommes connectés en permanence, mais paradoxalement, nous avons parfois du mal à nous exprimer sincèrement et ouvertement.
Il peut y avoir de nombreuses raisons pour lesquelles nous gardons le silence. La peur de jugement, de rejet ou de conflit peut nous pousser à taire nos pensées et nos émotions. Nous pouvons craindre de déranger, de blesser ou de perdre la relation avec les autres. Parfois, nous avons été conditionnés à penser que nos opinions et nos ressentis n’ont pas d’importance.
Pourtant, il est essentiel de trouver le courage d’exprimer les mots retenus, de partager nos vérités les plus profondes. Lorsque nous nous écoutons mutuellement, lorsque nous donnons de l’importance à chaque voix et à chaque expérience, nous créons un espace de compréhension et de connexion authentique.
L’écoute mutuelle est un acte puissant qui transcende les barrières de l’incompréhension et de la méfiance. C’est un moyen de construire des ponts entre les êtres humains, de créer des liens basés sur la confiance et le respect. En écoutant vraiment les autres, en prêtant attention à leurs paroles, à leurs émotions et à leurs besoins, nous leur montrons que nous nous soucions d’eux en tant qu’individus.
En construisant un monde où nous nous écoutons les uns les autres, nous pouvons établir des relations plus profondes et plus significatives. Nous pouvons créer des espaces de dialogue où chacun se sent écouté, valorisé et compris. Dans ces espaces, nous pouvons aborder des sujets importants, partager nos expériences, nos idées et nos préoccupations. Cela peut nous permettre de surmonter les différences, de trouver des solutions communes et d’apprendre les uns des autres.
Alors, prenons le temps d’écouter véritablement, de donner la parole à ceux qui sont souvent silencieux, de reconnaître et de valider leurs paroles. En brisant le silence, en nous ouvrant à l’écoute mutuelle, nous pouvons contribuer à la construction d’un monde plus ouvert, plus compréhensif et plus vibrant de vie.
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