Et puis est arrivé le temps du lâcher prise.
Après avoir bataillé en vain il s’est passé quelque chose en elle.
Comme si tout à coup les murailles intérieures avaient cédées.
Comme si il n’y avait plus de lutte à mener.
L’espace est devenu clair.
Et grand et vaste.
Même la peur a disparue.
Seul le cœur rayonnait en son centre.
C’est alors qu’elle a enfin ressenti cette chose.
Cette chose au fond d’elle.
Ce qu’on nomme et qui pourtant est innommable.
Le souvenir ineffable de qui elle Est. Cette source qui vibre mais qu’elle ne voyait plus.
Alors elle a ouvert ses armoires et y a délogé ses vieux manteaux.
Ses vieilles robes et ses chaussures usées.
Elle a tout brûlé.
Ne restait plus que l’espace vide.
Là où la conscience peut s’éclairer.
Ne rien regretter.
Ne rien attendre.
Être et aimer.
Puis elle est allée sous l’arbre doux du printemps.
Celui qui de tout temps est la mais qu’elle ne voyait plus.
Elle s’est assise à son pied.
Elle a pleuré. Puis elle a ri.
Et elle est partie.
Pieds nus et cheveux lâchés.
Avec ses rides.
Avec sa bouche qui avait déjà tant embrassé.
Avec la peau flasque de ses bras qui avaient déjà tant porté, tant étreint et tant enlacé .
Et puis sa voix de vieille qui portait à elle seule tous les chants.
Ces chants qui l’avaient traversée pour la vie, pour ses enfants et pour se guérir.
C’est avec sa beauté qu’elle est partie.
Elle est partie avec sa beauté.
Unique et singulière.
Une beauté de vieille.
Une beauté de vie.
Avec ses cheveux blancs et sa peau tachée.
Elle est partie avec ce corps qui avait autant aimé que lutté.
Elle a voyagé dans des contrées intérieures.
Celles où il fait bon ne plus porter de nom.
Alors elle s’est souvenue de tout.
Et Elle s’est pardonnée.
Puis a rendu aux autres les souvenirs qu’ils avaient laissés en elle.
Ne pas laisser de trace.
Être un animal dans la forêt.
Ne plus se justifier..
Ne plus coller à cette image.
Cette construction.
Enfin elle était libre.
Et elle a pu repartir de là où elle venait.
Sans ce corps.
Sans ce poids.
Heureuse d’avoir tant aimé.
Tant donné et tant vécu.
Alors son corps a nourri la terre mère. Ses animaux.
Ses minuscules insectes.
Ses champignons et ses bactéries. Son corps est devenu le terreau les futurs arbres du printemps.
Et c’est son chant désormais que le vent sifflerait dans leurs branches. Jusqu’au prochain voyage ?
Éternel cycle de vie ?
En hommage à la grande Mère
En hommage au clan des rêveuses
Rapelle toi de te souvenir
Souviens toi de te rappeler
La promesse que tu t’es donnée
Marjolaine Femme du Rêve
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