Je suis un misanthrope peu mondain, un solitaire bavard » confie au lecteur Jean-Pierre Marielle, ce pudique versatile, qui se met pourtant à nu sans fausse modestie dans le grand n’importe quoi, une autobiographie sans complaisance qui est tout sauf du n’importe quoi.
L’acteur connu, à présent âgé, le comédien reconnu qui joue sur tous les registres, reste flou sur son intimité (trois mariages, deux divorces, un enfant), ce sont plutôt ses souvenirs qu’il classe ici en un précieux abécédaire ses amitiés indéfectibles (de Jean-Paul Belmondo le copain de toujours à Henri Salvador qui lui manque), son admiration pour Ingmar Bergman « le cinéaste ultime »,le conservatoire,ses débuts au cabaret avec Guy Bedos, ses grands films (comme Les grands Ducs ou La petite Lili),ses habitudes au café de Flore…etc
» C’est mon moment favori. Il est vrai que je vis peu le matin,
que je mets à profit pour dormir, je préfère que les journées commencent sans moi, les attraper en route comme un train au démarrage. Je suis davantage du soir ou de la nuit.
J’aime les fins de journée, cet instant de transition entre deux états, quand le soleil envisage de se coucher : la lumière décline, s’adoucit, ses ombres se dessinent, les bruits changent, des animaux se réveillent.
De même, j’aime le thé lorsqu’il n’est plus chaud mais pas encore froid – bref, je le bois quand il a un goût d’après-midi. »
Le grand n’importe quoi de Jean-Pierre Marielle
2 ème extrait :
Ces images-là ne marquèrent pourtant pas la naissance d’une vocation, elles m’encouragèrent à vouloir vivre entre deux mondes, et de préférence plutôt du côté de la rêverie, ce qui est assez contradictoire avec toute vélléité de carrière, c’est-à-dire de travail.
3 ème extrait :
Lorsque mon téléphone sonne, j’espère l’entendre m’apprenant que nous tournons ensemble. Charme, intelligence, gentillesse, écoute : de l’homme idéal, il a toutes les qualités.
Tous les matins du monde m’a offert l’un de mes souvenirs les plus chers. Je ne pensais pas être l’homme de la situation, c’est lui qui m’a convaincu que la gravité de Sainte-Colombe me siérait, insistant sur la place centrale de la musique.
On se croisait de temps à autre à des concerts de jazz, et je ne peux qu’accorder ma confiance à un cinéaste qui va écouter Ornette Coleman au lieu d’écumer les dînes mondains. Je pense souvent à ce tournage, il était de ceux qui rendent ce métier digne d’être fait.
Livres conseillés, cliquez sur l’image :