» On demande comment un homme peut être libre, et forcé de se conformer à des volontés qui ne sont pas les siennes.
Comment les opposants sont-ils libres et soumis à des lois auxquelles ils n’ont pas consenti ? Je réponds que la question est mal posée.
Le citoyen consent à toutes les lois, même à celles qui le punissent quand il ose en violer quelqu’une. La volonté constante de tous les membres de l’Etat est la volonté générale : c’est par elle qu’ils sont citoyens et libres.
Quand on propose une loi dans l’assemblée du peuple, ce qu’on leur demande n’est pas précisément s’ils approuvent la proposition ou s’ils la rejettent, mais si elle est conforme ou non à la volonté générale qui est la leur, chacun en donnant son suffrage dit son avis là dessus, et du calcul des voix se tire la déclaration de la volonté générale.
Quand donc l’avis contraire au mien l’emporte, cela ne prouve autre chose sinon que je m’étais trompé, et que ce que j’estimais être la volonté générale ne l’était pas. Si mon avis particulier l’eût emporté, j’aurais fait autre chose que ce que j’avais voulu, c’est alors que je n’aurais pas été libre. »
Rousseau
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